Couleurs et matières

Publié le par shekina

Une goutte rouge a perlé à l’horizon de la matrice. Surpris, le gland rondouillard a éternué trois fois en aspirant l’odeur ferrugineuse de cette substance inattendue. D’abord prêt au combat, il se ravise bien vite. Les grandes lèvres et leurs petites sœurs l’entourent de leurs ailes frémissantes pour lui murmurer que ce n’est pas la guerre. C’est la vie qui s’écoule.  Elles l’invitent à rester encore et à continuer son œuvre. A traverser le noir de la surprise, de la peur et du dégoût. A rencontrer le rouge et découvrir le secret du féminin. A se détendre dans cette obscurité rougeoyante et laisser venir la jouissance épaisse sur les tentures veloutées. La crème blanche se mêle au vermillon du boudoir.  Une lumière rose tendre scintille et signe l’achèvement de l’œuvre. Arrivé au sommet de son art, le pénis se détend. A sa sortie de scène, la bienheureuse moue du prépuce dégage encore le bout, appelant une langue gourmande à venir laper quelques restes victorieux. La salive coule en longs filets clairs le long de la hampe attendrie. La langue aventurière s’insinue dans le méat et renifle une lointaine odeur d’urine. Elle s’amuse à distinguer l’écume du bonheur de la bruine du plaisir féminin. Elle savoure chaque morceau, même inattendu, comme celui-ci, minuscule, coincé dans le prépuce à la lisière du frein et vraisemblablement rescapé d’une expédition dans un tout petit trou. Elle descend souhaiter le bon soir aux testicules. L’odeur de la marée persiste, ici aussi. Des filaments de sperme ont crée des passerelles luisantes teintées de rouge entre les poils du pubis. Les heures s’éclipsent et la langue recueille amoureusement toutes les matières d’un pénis après l’ouvrage. 

Publié dans Dans tous les sens

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