Ardentes tournures et lettres sensibles

Publié le par shekina

Le vagin et le pénis se sont rencontrés. Non. Pas sous la couette, ni dans les toilettes. Ils se sont retrouvés dans l’alcôve aux mots, un lieu où la chose possède de multiples termes musicaux, un lieu où les sexes se parlent et s’écoutent. Pour ne plus s’oublier, ni se maudire. Le bruissement doux de leurs confidences alterne avec les étincelles de leurs ébats volubiles.

Ils invitent les mots entre eux, toutes sortes de mots et dans le désordre. Ils osent le mot hardi et le mot libertin. Ils offrent leur confiance au mot funambule. Le mot peintre dessine des images mouvantes et colorées autour d’eux. Le mot doux leur apporte le repos et le mot tendre la délicatesse d’une caresse. Plus affirmés, ils osent le mot colérique et cueillent en dessous le mot triste. S’ils buttent contre un mot rocailleux, ils posent le caillou entre eux et regardent le silence transformer leurs pensées et clarifier leurs élans.

Ils soulèvent le voile des secrets et goûtent la saveur du verbe sexué. Ils soupirent, ils pleurent et ils rient. Ils se trouvent. Ils ne sont plus seulement des parties concupiscentes plantées au hasard d’un corps muet. Ils sont les voix subtiles et animales d’un homme ou d’une femme.

La porte se referme, ils doivent se quitter, mais le dire appelle encore. Alors ils reviendront bientôt, pour se rencontrer à nouveau dans l’antre velouté des mots.

Publié dans Dans tous les sens

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article